Elle s’arrête soudainement, et ferme les yeux. C’est à travers ce sauvage souffle marin et cet éclat lumineux, dont elle ne serait donné ni la source ni la limite, qu’elle respire de nouveau un air qui lui est familier. Elle n’a juste qu’à imaginer le désert autour d’elle, pour se croire à nouveau dans son pays natal. Elle commence même par prendre goût aux bruits de l’eau allant épouser la roche. Malgré cela, en ouvrant les yeux, toutes ces sensations disparaissent. La vision de ces bâtisses insalubres, de ces bras de béton avancés dans la mer, ces engins sophistiqués dont les rugissements effrayent les jeunes enfants ; tout cela détruit la ressemblance entre ce milieu et celui où a grandit Lalla.
Elle regarde vers le haut, voit les oiseaux traversant le ciel. Elle se dit qu’ils ont de la chance d’être aussi libre, de pouvoir aller partout où ils souhaitent, sans jamais être seuls. Son regard s’arrête alors sur un bâtiment. Elle n’est pas sûre mais pense distinguer une forme sur le toit. Elle s’approche et aperçoit un homme ivre, faisant les cents pas sur la toiture du bloc de béton. Par instinct, elle cherche le moyen de pouvoir le rejoindre afin d’éviter un éventuel accident. Restée ouverte, ce qui n’étonne pas Lalla au vue de son état de délabrement, elle pénètre dans la construction. Au fond d’un couloir sombre, elle prend un escalier la menant au toit.
Allez vous en ! dit agressivement l’homme.
A l’accent, Lalla comprend que c’est un étranger venant peut être du même continent qu’elle. Cependant, la jeune femme pensant faire demi-tour, change d’avis en se disant que si il lui arrivait malheur, elle ne se le pardonnera peut être jamais.

Monsieur, est ce je peux faire quelque chose pour vous ? réplique-t-elle, vous ne devriez pas restez près du bord dans l’état où vous êtes.

Exact ! reprend l’homme, je ne devrais ni être sur ce toit, ni dans cette ville ! Je ne devrais même pas être dans ce pays, ni même sur ce continent ! Je devrais être chez moi