Education
« L’espèce humaine, nous enseigne une vénérable tradition, serait caractérisée par la curiosité ; elle serait travaillée par le désir d’apprendre, si ce n’est dévorée par la soif de connaissance (…) l’humanité veut s’éclairer, pour peu qu’on lui en donne les moyens, car elle sait d’instinct que la connaissance est le plus sûr moyen de son émancipation. Cela fut vrai. Il n’est pas dit pour autant que cela doive le demeurer toujours. Peut-être sommes-nous en train d’assister à l’émergence d’une humanité post-adamique (1), pour laquelle les périls et les promesses de cette libido sciendi (2) ne seront plus qu’un souvenir.
L’insatiable curiosité enfantine, premier argument à l’appui de la thèse de l’invariant anthropologique, est toujours bien là, objectera-t-on. C’est donc l’institution qui la décourage et l’étouffe, faute de savoir y répondre. (…) Il est permis de faire une autre hypothèse (…) Il est permis de penser que l’image de la connaissance que véhicule notre culture ambiante est dissuasive à plus d’un titre. Si les enfants perdent à l’école le goût d’apprendre, ce n’est pas du fait de sa maladresse, mais du fait de la vision de l’humain et de la société dont elle est le vecteur involontaire. Par une belle ironie de l’histoire, la société de la connaissance pourrait bien s’avérer celle où le désir de savoir n’a plus lieu d’être. »
(1) Référence à Adam qui, dans la Genèse, est possédé par le désir de savoir
(2) Désir de savoir
A l’aide de vos connaissances historiques, psychologiques, sociologiques, pédagogiques et philosophiques, vous expliquerez le problème que met en avant Marcel Gauchet, et vous demanderez quelle peut être la réponse de l’école à cette question.