Effet de réel abordé ou sabordé? zazie dans le métro
Raymond QUENEAU, Louis MALLE
En quoi l’effet de réel est-il à la fois abordé et sabordé ?
A l’apogée du genre romanesque, au XIX ème siècle, les mouvements littéraires et culturels du réalisme et du naturalisme aspirent à une représentation de la société fidèle à la réalité. Le sous-titre choisit par Emile Zola pour Les Rougon-Macquart, « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire », témoigne des ambitions romanesques de l’époque, mêlant littérature, sciences sociales (l’écrivain effectue au préalable un travail proche de la sociologie avec des enquêtes sur le terrain) et sciences naturelles ( d’inspiration lamarckienne, l’évolution des personnages illustre l’hérédité des caractères acquis- dénomination anachronique-). Au siècle suivant, cette volonté de reproduire la réalité se désagrège en raison des massacres des deux Guerres Mondiales et laisse place à la désillusion, à l’incertitude ( l’Homme a montré qu’il était capable, s’il s’en donnait les moyens, d’exterminer sa propres espèce). Ces bouleversements socio-culturels influencent éminemment le roman du XXème siècle qui porte les couleurs de la quête de sens et dont les codes traditionnels sont déconstruits. C’est dans ce contexte qu’est écrit et filmé Zazie dans le métro, écrit par Raymond Queneau (publié en 1959) et adapté au cinéma par Louis Malle en 1960. Bien que le lecteur, spectateur rapproche aisément le cadre spatio-temporel de l’histoire à celui de l’écriture de l’œuvre (Paris des années 1950), il ne peut s’identifier à l’univers de Zazie dans le Métro. L’impression qui se dégage d’une première lecture (et visualisation du film) est celle d’une réalité, invraisemblable, à l’intérieur d’une pseudo-réalité, vraisemblable mais qui fait office de trompe l’œil. Comment Raymond Queneau et Louis Malle parviennent-ils à conjuguer illusion et déconstruction du réel ? Dans un premier temps, le décor de l’action ne fait pas de doute, le