Electre giraudoux
INTRODUCTION :
A la fin de l'année 1936, Jean Giraudoux écrit sa pièce, Electre, représentée pour la première fois à Paris au printemps 1937. A cette époque, de nombreux écrivains, comme Cocteau ( dans La machine infernale, réécriture du mythe d’Œdipe), s'inspirent des grands mythes de l'antiquité et poursuivent ainsi la tradition; mais Giraudoux fait une oeuvre originale en transformant le désir de vengeance en quête de la vérité. Le premier acte s’est achevé sur un long monologue du mendiant tandis qu’Oreste et Electre sont endormis. Le jardinier profite de l’entracte pour venir s’adresser directement aux spectateurs. Sa tirade présente l’originalité de se situer hors de la tragédie, hors du théâtre. Nous analyserons donc le rôle de ce lamento dans la pièce. Ainsi, nous verrons comment il est l’occasion pour le dramaturge de renouer avec la tradition de la parabase (Partie d'une comédie grecque hors de l'action, dans laquelle le coryphée s'adressait directement au public pour lui exposer les intentions ou les opinions de l'auteur.), même si le choix du jardinier –personnage qui déclare sa solitude et tient des propos paradoxaux- est déconcertant. Mais l’étrangeté de ce personnage permet au dramaturge, à travers sa voix, de mener une réflexion sur la Tragédie.
I) Une parabase entre tradition et modernité
1) Du théâtre hors du théâtre
-Acte I, scène 13 : didascalie > « Rideau ». Puis, lamento > le jardinier est placé devant le rideau > n’intervient plus complètement comme personnage de la pièce : « Je suis libre de venir vous dire ».
-Situation d’énonciation : « je » > « vous » : adresse directe au public > hors du théâtre
-« venir vous dire » : mouvement volontaire du jardinier vers le public. N’est plus un personnage manipulé par l’intrigue de la pièce > paradoxal.
-utilisation d’expressions caractéristiques exprimant le jeu du théâtre hors du théâtre : L 1 : « je ne suis plus dans le jeu » (double signification : jeu