Eloge de la main , Les mains libres
I La main est un motif privilégié dans le recueil
Man Ray, qui s’est imposé comme peintre du désir et comme génial photographe de la femme, privilégie le nu dans ce recueil : un dessin sur deux est un nu, trois femmes sur quatre sont dénudées. S’inspirant du genre du blason, il s’appesantit sur certains détails corporels dont la chevelure, les yeux et la main, emblèmes de la beauté et de la sensualité.
- Ainsi le titre "Belle main" (p.69) associe le mot « main » non plus à l’adjectif « libre », mais à « belle », sans déterminant avant le nom. Le recours au singulier, par opposition au pluriel du titre du recueil suggère une forme de généralisation.
Dans la préface, Eluard en affirmant qu’ « il y a plus de merveilles dans une main tendue, avide, que dans tout ce qui nous sépare », accorde d’emblée au motif de la main se charge une valeur positive, notamment lorsqu’il s’agit de célébrer la présence de la femme ou de la représenter dans l’extase. Il s’agit souvent en effet, à travers cette main d’encenser la femme et d’exalter sa présence. Ceci est surtout net dans la première section du recueil, puisqu’on ne rencontre aucune main de femme en premier plan, mis à part celle de « Brosse à cheveux » dans la seconde moitié du recueil. Man Ray s’appuie souvent sur une main pour suggérer la féminité sans renvoyer à une femme