Elsa
Mon Dieu, qu’elle était belle, assise sur ce banc, posée devant l’horizon d’un jardin paradisiaque. Je possédais le temps nécessaire puisqu’elle lisait concentrée sur un roman et ne semblait attacher d’importance au monde qui l’environnait. J’avançais lentement et prudemment de peur de la choquer et m’assis à côté d’elle. Je n’osais la regarder feignant de prendre l’air et après de nombreuses minutes, je pris l’allure assuré pour cacher ma faiblesse. Elle lisait
Hemingway. Je lui dis alors : « Vous aimez les aventuriers ? ».
Elle me répondit d’une voix enchanteresse :
« -Oui, j’aime leur force et leur courage, ce sont des hommes dont le corps entier ne cesse de virevolter au son de leurs instincts. Ils ont une soif éperdue de découvertes et de rencontres. Vous savez, leur caractère est entier car leur confiance est inébranlable.
- Je ne suis pas ce type d’homme, à mon grand regret, je n’ai pas de carapace. - Qu’importe, chacun a le droit au bonheur.
- Votre délicatesse me touche le coeur. Mais pourquoi le bon Dieu vous at- elle faite si délicieuse ? N’êtes-vous pas sollicitée par tous ces mâles arrogants ?
- Je suis une fille passionnée qui n’a cure de la petitesse et des gens sans valeur. - Que cherchez-vous donc ?
- Je ne cherche rien, je n’envie personne, je vis du bonheur que les grands génies savent exprimer dans leurs oeuvres.
Vidé et amoureux, je n’avais plus que l’audace du désespéré : « Aurais-je l’occasion de vous revoir ? ». Sachant ce que j’éprouvais, elle me donna rendezvous demain, au même endroit et à la même heure.
Cette nuit-là, je ne pouvais dormir. Peut-être était-ce