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Matthieu Le sanglot de la terre
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Ayant échoué à trois reprises le baccalauréat de philosophie, il décide alors de se tourner vers la littérature et la lecture des poètes et des philosophes. Laforgue qui plaida pour l’originalité fut original au plus haut point. Dans ce sonnet extrait du recueil Le Sanglot de la terre et publié en 1880, Laforgue raconte comment, tout en fumant une cigarette, il fuit la réalité sordide pour gagner un monde imaginaire plus plaisant. En quoi ce sonnet est-il un mélange de douleur et de dérision ? Nous analyserons dans un premier temps l’expression du désespoir, puis dans un deuxième temps la provocation mise en œuvre dans le sonnet.
L’expression du désespoir se fait tout d’abord par la répétition des marques de la personne traduisant l’exaspération du « moi » (« moi je » v.2, « moi » v.6, « me » v.7, « mon » v.14) ; et la position en retrait des hommes, montre l’isolement du poète vis à vis des autres. Il va « résigné », « sans espoir », et à son sort. L’hypersensibilité et la morbidité sont dévoilées par un certain anéantissement dans les vers 2-3, accentué par les allitérations (« pour tuer le temps, en attendant la mort » v.3), avec un champ lexical de la mort, et l’emploi du présent à valeur itérative qui suggère que l’auteur n’a ni passé, ni futur. Laforgue rejette toute possibilité de vie après la mort (« quant à l’autre, sornettes » v.1). L’auteur perd la notion de toute valeur : le divorce entre le corps et l’esprit d’ « extase » au v.7 au « pouce rôti » au v.14 ; le contraste entre « ce monde est bien plat » vers 1 et la verticalité « du méandre bleu qui vers le ciel se tord », l’auteur abandonne tout lutte et se tourne vers un paradis artificiel et éphémère.
La provocation est mise en œuvre dans ce poème ; de