En attendant Godot analyse
À cette époque, les pièces absurdes ne furent ni comprises, ni définies car elles faisaient partie d’une forme de théâtre en train de développer de nouvelles conventions. Les pièces écrites selon ces nouvelles conventions furent considérées insolentes aussi bien que comme des impostures. Quand une bonne pièce de théâtre devait avoir une histoire bien construite, un thème clair, un dialogue juste et être une bonne représentation de notre époque, les pièces absurdes ne répondaient à aucun de ces critères (Esslin, 2001, p. 21-22).
Cependant, contre toute attente, En attendant Godot fut un des plus grands succès du théâtre d’après-guerre, avec cent mises en scène au Théâtre de Babylone. Elle fut traduite à vingt langues et jouée dans le monde entier. Pendant les cinq ans qui suivirent la première mise en scène, la pièce eut un million de spectateurs à Paris, un nombre immense pour une pièce rompant complètement avec toute convention théâtrale classique (Ibid, p. 39).
Le dramaturge français Armand Salacrou (1899-1989) écrit après les premières mises en scène (cité dans Ekbom) :
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Nous avons attendu cette pièce, une pièce de son époque avec un nouveau ton et une langue simple et naturelle. En attendant Godot n’est pas un coup de chance temporaire. Un écrivain a apparu, et il a pris notre main pour nous diriger vers son monde. (Ekbom, 1991, p. 167. Notre traduction.)
La pièce est constituée de deux actes presque symétriques. Les personnages principaux sont deux vagabonds, Vladimir et Estragon, qui se retrouvent sur une route de campagne pour rencontrer Godot, un homme qu’ils ne connaissent pas, et dont ils ne savent rien. Le lieu est aussi insignifiant que Godot. Route à la campagne, avec arbre. Soir. (p.