L’École des femmes, une comédie en cinq actes jouée en 1662, année où Jean-Baptiste Poclin connu sous le nom de Molière épouse Armande Béjart, de 20 ans plus jeune que lui. La pièce reçoit un grand succès, mais aussi de nombreuses critiques, notamment pour son « immoralité ». Le passage que nous allons étudier est la scène d’exposition. Au cours du dialogue, nous apprenons qu’Arnolphe annonce à Chrysalde son ami, son projet de mariage. En quoi cet extrait met-il en place l’intrigue de cette pièce ? Pour répondre à cette problématique nous allons voir dans un premier temps le portrait d’Agnès, la femme qu’Arnolphe souhaite épouser et dans un second temps le portrait qui est fait d’Arnolphe. LECTURE
LE PORTRAIT D’AGNÈS
Un premier portrait, en négatif, se dégage des refus d’Arnolphe : Agnès sera tout sauf une « précieuse », qualifiée de « femme habile », terme ici péjoratif, car il sous-entend que son instruction la rendra habile à tromper. Son mode de vie est aussi jugé, notamment l’allusion aux « cercles », avec « marquis » et « beaux esprits ». Ce sont des réunions mondaines, dans les « ruelles », ce qui fait que la femme est entourée d’hommes, dont tentée. C’est aussi une « femme qui compose », or tous ces écrits vont être mis au service de l’amour : « de prose ou de vers ferait de doux écrits ». Arnolphe se fonde sur une vision péjorative de la femme, héritée de la conception religieuse. C’est elle qui sert de point de départ à sa méfiance : pour lui, elles sont toutes à l’image d’Ève, des pécheresses. Cette généralisation lui permet de juger que toutes « les femmes » possèdent le pouvoir de tromper les hommes: « tours rusés » « subtiles trames », les deux adjectifs péjoratifs se trouvant mis en valeur. Il faut aussi comprendre « comme on est dupé par leurs dextérités » au sens péjoratif de « ruses ». Un second portrait, en positif, apparaît à travers les paroles dite par Arnolphe. Il souligne « l’innocence » d’Agnès. Arnolphe est obsédé par l’idée d’être