En quoi l'odyssée est elle un récit épique ?
a) L'épique ou ce qui est digne d'être raconté
Le mot grec epos signifie « parole ». Est « épique » tout ce qui mérite d'être dit à haute voix en public, dans le présent et pour l'éternité. Ainsi, au chant VIII de l'Odyssée, dans le palais d'Alcinoos, est mis en scène un aède, Démodocos, à qui l'on demande de chanter « la gloire des hommes », et un « récit dont le renom touchait alors le ciel » (VIII, v. 72-73). Cette parole de « gloire » et de « renom » a presque une valeur divine, comme l'indique le terme « ciel », et elle est capable d'émouvoir les Hommes, comme le prouve la réaction d'Ulysse qui pleure en écoutant le récit de l'aède.
b) Un récit versifié
Contribue aussi à la grandeur du récit épique sa dimension poétique. L'Odyssée est écrite en vers appelés « hexamètres dactyliques ». Par sa taille, son ampleur et sa relative régularité, l'hexamètre est un peu l'équivalent de l'alexandrin pour la poésie française. Depuis Homère au moins, il est le vers de l'épopée antique (on le retrouvera chez le poète latin Virgile). Pour faciliter la mémorisation de ces poèmes récités par cœur, le vers épique emploie nombre de formules répétitives (demi-vers, vers, voire groupe de vers) qui formaient des points d'appui pour soulager la mémoire. Ainsi, à chaque fois que l'aurore se lève, revient la même formule : « l'aube aux doigts de rose », (V, v.121, 228 ; VIII, v.1 ; XIII, v.18). Les noms propres sont très souvent accompagnés d'épithètes fixes qui apportent un segment métrique stable et facilement mémorisable pour l'aède : ainsi Calypso est-elle appelée « la merveilleuse Calypso » trois fois en l'espace de quelques vers (V, v.78, 84, 116).
c) Un poème dramatique
Composé pour la diction scénique, l'épopée doit être aussi vivante qu'une pièce de théâtre. Elle est donc aussi drama, « action par la parole », comme le théâtre. Les dialogues y sont nombreux : les personnages parlent, racontent, s'exclament, se lamentent. Mais chaque rôle