En souvenir de abdelkader alloula
«J'écris pour notre peuple avec une perspective fondamentale : son émancipation pleine et entière Je veux lui apporter, avec mes modestes moyens et ma matière, des questions, des prétextes, des idées avec lesquels, tout en se divertissant, il trouvera matière et moyens de se ressourcer, de se valoriser pour se libérer et aller de l'avant».
Ainsi s'exprimait le «diseur en scène» arraché aux siens à l'âge de 54 ans. La nouvelle est tombée un soir de Ramadhan, alors qu'il se rendait à la Maison de la culture d'Oran, pour parler de praxis théâtrale. Dix sept années ont passé. L'œuvre inachevée vient d'être présentée au public. Pour Abdelkader Alloula, la scène était la seule politique à respecter, à vivre. Lorsque l'acte artistique existe au-delà de l'institution et de l'institutionnel, la pratique théâtrale peut échapper au conditionnement sociétal. Pour le grand dramaturge victime de la barbarie, la scène était le lieu de recherche et d'expérimentation par excellence. Sur les planches, l'art théâtral peut être pensé différemment. Le théâtre, source pure, celui des artistes inspirés par leur vocation et n'étalant aucune ambition étrangère à l'art.
«J'écris et je travaille», disait l'auteur de Ladjouad, «pour ceux qui travaillent et qui créent manuellement et intellectuellement dans ce pays, pour ceux qui, souvent de façon anonyme, construisent, édifient, inventent dans la perspective d'une société libre démocratique et socialiste» (1). Aujourd'hui, malheureusement, la priorité qui émerge, l'obsession de l'artiste semble reposer sur sa reconnaissance, sur son expansion et sur sa visibilité. Jean Yves Lazennec (2), intéressé par la diversité et la simplicité de l'homme au parcours exemplaire, a tenu à faire connaître son œuvre de grande valeur et son écriture originale qui renvoie au théâtre grec. D'autres chercheurs et spécialistes du 4e art se sont penchés sur le