Enjeux de l'introduction de la finance islamique dans les sociétés musulmanes et non musulmanes
Document de travail pour le DU Finance Islamique de l’école de Management Strasbourg
Année universitaire 2011-2012
Dr Djibril SECK
Chercheur en sciences sociales
Spécialiste de l’articulation de la finance islamique et des sciences sociales
Directeur du GREFIA (Groupe de Recherche sur la Finance Islamique en Afrique)
INTRODUCTION
La finance islamique est certes un ensemble de techniques bancaires différentes de celles de la finance dite conventionnelle, mais elle se fonde sur des principes qui président à son fonctionnement, une éthique islamique qui va souvent à la rencontre d’autres visions du monde, d’autres cultures qui s’appuient sur des valeurs autres que celles prônées par l’Islam. Et à ce titre, son introduction dans les sociétés musulmanes et non musulmanes, en fonction des représentations et des réalités socio-culturelles de ces dernières, suscite des enjeux que cette analyse tente de circonscrire en trois points :
- La finance islamique comme expression de communautarisme et de crispations identitaires ;
- La finance islamique comme facteur d’intégration et de communication interculturelle ;
- La finance islamique comme manifestation plurielle d’identités culturelles musulmanes.
I-Une expression de communautarisme et de crispations identitaires
Tout discours, quel que soit le dispositif qui le porte, s’élabore à partir d’une posture idéologique. C’est ainsi que le discours dominant d’aujourd’hui de l’Occident sur l’Islam le place dans une position de déphasage avec la modernité, le progrès et par conséquent le développement. Même les pays musulmans riches se voient le plus souvent confiner, par la vision occidentaliste, dans une sorte d’inhibition qui les rendrait incapables de tolérance et d’ouverture à des valeurs universelles.
La leçon principale, à la lecture de Hall, est que « les pratiques de représentation impliquent toujours