Enseignante
Comment comprendre l’orientation sur le pas-tout ? « Qui est ce "on" qui devient, ou émerge, comme analyste ? Il a toute chance, de nos jours, d’être une femme », écrivait l’an dernier Jacques-Alain Miller dans le Journal des Journées n°55, ajoutant : « Et aussi bien, peu importe, puisque c’est la position analytique comme telle qui, selon Lacan, obéit au régime du pas-tout, à l’opposé de la conception freudienne, qui fait du Nom-du-Père le support et la boussole de l’analyste. »1 Moins encombrées du phallus, les femmes seraient plus « adaptées» à notre monde contemporain, prêtes à ne pas se méprendre sur les visées totalisantes de la montée des scientismes, du fait de leur rapport spécifique au manque d’un signifiant dans le langage pour dire leur être. Dans son Cours « l’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique », Jacques-Alain Miller pointait déjà la féminisation de la civilisation contemporaine, qu’il rapporte à l’éclipse de l’idéal et à la montée au zénith social de l’objet a, pour reprendre l’énoncé de Lacan. « Déjà le seul fait de la multiplicité incomplète, inventive, selon la logique de Lacan de la sexuation, c’est du côté du féminin », indique-t-il. « Le multiple, l’inventif, l’ouverture du champ symptomatique, ça répond beaucoup plus à la position féminine qu’à la position masculine et donc, d’une certaine façon, ça écrit aussi le déclin du viril, et la promotion de la logique du pas-tout qui comporte multiplicité et ouverture »2. Mais ce n’est pas sans rappeler au préalable les affinités de l’ouverture sur l’infini spécifique à la position féminine et du ravage « qu’est-ce qui différencie symptôme et ravage ? C’est que ravage ouvre en effet à un certain illimité. Quelle est la différence fondamentale ? C’est que le partenaire de l’homme est un partenaire limité, c’est un partenaire cerné, alors que – au moins comme l’écrit Lacan – le partenaire de la femme, le partenaire symptomatique de la