ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIE ET RELIGION
France et religion : un couple morganatique1 ?
Bruno Poucet, professeur en sciences de l’éducation, Université de Picardie
Jules Verne, Habiter-PIPS
Depuis le rapport Debray « sur l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque »
(Odile Jacob, 2002) et l’obligation d’enseigner le fait religieux dans l’enseignement du second degré, la question d’un tel enseignement concerne bien entendu le cours de philosophie comme les autres disciplines d’enseignement.
Or, notre propos ne sera pas de montrer, comment dans le programme même la question du fait religieux a été traitée (voir Philippe Gaudin2 ou Bruno Poucet3) mais d’essayer d’expliciter comment l’histoire même de l’enseignement de la philosophie est difficilement compréhensible, si l’on fait abstraction de la question religieuse. Plus exactement d’examiner en quels termes la question a été posée dans le programme. Pour ce faire, un détour historique s’impose. Il faut en chercher les éléments au XIXe siècle et plus particulièrement dans la dernière partie du siècle, dans une littérature un peu grise et des débats un peu oubliés, mais où s’entremêlent aspects philosophiques, professionnels et politiques. On essaiera ainsi d’expliquer comment le programme d’enseignement s’est progressivement détaché de la théologie – un double débat en porte trace : celui autour de la théodicée et de la morale indépendante. On essaiera de découvrir comment le professeur de philosophie a rompu avec la figure tutélaire du clerc pour en conserver quelques unes des caractéristiques essentielles. Perdurent-elles aujourd’hui ? L’historien que je suis et non
1 Ce texte est la mise en forme de la conférence prononcée le 19 février 2010 lors du groupe de réflexion
« Philosophie et religions » animé par Philippe Gaudin.
2 Philippe Gaudin, « Enseignement de la philosophie en terminale et fait religieux »
3 Bruno Poucet, « La religion dans les programmes d’enseignement de la philosophie », Côté