Enseigner la musique Avant de déambuler dans les méandres que sous-entend le concept d’enseignement de la musique, il serait tentant de modifier légèrement le titre de ce texte sous la forme Enseigner la musique ? Ce simple point d’interrogation me permet de renvoyer d’emblée le lecteur à une intéressante publication de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts : Peut-on enseigner l’art ?1 Et de poser ainsi au départ cette double question fondamentale : un art, une pratique artistique peuvent-ils faire l’objet d’un enseignement, et si oui, comment et dans quel dessein. Notre réflexion s’exercera dans un contexte général et entend plus indiquer des directions en se gardant de tout dogmatisme. Entrons dans le débat par le moyen de l’étymologie de deux mots : enseigner et pédagogue. Dans le premier, un verbe latin, la combinaison de « in » (dans, vers) et « signare » (marquer d’un signe), contient déjà toute la puissance de l’écrit et du mouvement. Dans le deuxième, un substantif grec, l’association de « paidos » (enfant) et « ago » (conduire) désigne une personne et une fonction, celle d’accompagner. Des racines de ces deux mots, si souvent prononcés et avancés, nous tirerons le plan quaternaire de notre communication en les affectant à la musique, afin d’en explorer les potentialités ou d’en mettre à jour les contradictions. IN, l’initiation et la notion de mouvement La notion de mouvement est consubstantielle à la musique sous deux aspects : la propagation des sons par la vibration de l’air, c’est-à-dire les hauteurs et leur ordonnance dans le temps, c’est-à-dire le rythme. Ces deux fondamentaux, auxquels viendront se greffer les notions d’harmonie et de forme, passent par un ressenti corporel. Le simple énoncé de ces deux caractéristiques indique assez que la première phase d’éveil à la musique passe impérativement par le corps. La maîtrise de ces deux composantes prend infiniment de temps si l’on veut la pousser à l’extrême en s’affranchissant du poids