RASME est le premier grand intellectuel de dimension européenne et fut la personnalisation de toutes les aspirations spirituelles les plus profondes de son siècle. Il est le premier véritable penseur écrivain vivant de son œuvre et de son savoir, dont la renommée et l'importance dans le combat des idées a préfiguré celle des philosophes des Lumières Diderot ou Rousseau, et surtout Voltaire, qui vinrent seulement deux cents ans plus tard. S'il fallait trouver une correspondance au vingtième siècle, on irait la chercher du côté de Sartre (pour son savoir encyclopédique, sa précision philosophique, et son engagement) et de Camus (pour sa sensibilité humaniste et sa rigueur morale). Mais c'est sur le triple terrain de la théologie, de l'érudition et du politique qu'Erasme intervient avec force dans son époque. Il combat l'intolérance religieuse, il s'élève contre les conflits , et il prône le retour aux textes des anciens et à la Bible dépouillés de ses scories. Ses critiques envers les excès de l'Eglise ont une influence énorme. Il a sur la vie en général des idées novatrices, particulièrement dans le domaine de l'éducation.
L'INDEPENDANCE COMME ETHIQUE
ULLI CONCEDO , ne vouloir appartenir à personne et être un homme pour soi-même ("HOMO PRO SE "). Voilà quelles sont les devises d'ERASME. Là se trouve sans doute l'origine profonde du différent qui existera plus tard entre le "prince des lettres françaises", c'est à dire Guillaume BUDE, et le Pape de l'Humanisme Européen. ERASME est un solitaire, penchant plutôt vers des amitiés amoureuses masculines, et refusant toute compromission sur son indépendance d'esprit et donc avec le Pouvoir, quel qu'il soit. Ses ennemis sont les théologiens dogmatiques de l'époque, dont en France le plus mordant est Noel BEDA, le syndic du collège de Théologie de la Sorbonne, qui rêve de le faire passer en jugement pour hérésie, et doit se contenter de mettre ses ouvrages à l'index. BEDA reproche à ERASME “ son ignorance crasse de la