Erasme pr face la traduction du Nouveau Testament TXT
Avec l’invention de l’imprimerie et le retour des langues anciennes, les traductions se multiplient parmi lesquelles celles de la Bible, qui font débat.
Je suis violemment opposé à l’opinion de ceux qui ne veulent pas que les lettres divines soient traduites en langue vulgaire1 afin d’être lues par les profanes2 , comme si le Christ avait enseigné une matière si enveloppée qu’à peine un très petit nombre de théologiens pouvait la comprendre, ou bien comme si le rempart de la religion chrétienne reposait sur la base de cette ignorance. Les mystères des rois, peut-être était-il plu sage de les taire, mais le Christ a désiré que ses mystères lui fussent divulgués le plus largement possible. Je souhaiterais que toutes les femmes de la plus humble extraction3 lisent les Evangiles, lisent les Epîtres de Paul4. Puissent ces livres être traduits en toutes les langues en sorte que les Ecossais, les Irlandais, mais également les Turcs et les Sarrasins, soient capables de les lire et de les connaître. […] Puisse le paysan au manche de sa charrue en chanter des passages, le tisserand à sa navette en moduler quelque air, ou le voyageur alléger la fatigue de sa route avec des récits de cette nature. Puissent ces passages entrer dans les conversations de tous les Chrétiens, car nous sommes à peu près tels que nous révèlent nos conversations de tous les jours.
Erasme, « Préface à la traduction du Nouveau Testament », 1516, Eloge de la folie et autres récits, trad. De Franz Bierlaire, Claude Blum et Jean-Claude Margolin, ©Editions Gallimard, Folio, 2010