esclavage
Pas vraiment !
Georges Sand
Préface
Présentant un plan d'expériences à mon patron de thèse en 1965, je fus surpris par sa réaction: "vous allez ainsi parvenir à les réduire en esclavage"! Il s'agissait -rassurez-vous- de déterminer des conditions de croissance, de sélection et d'expression de certains caractères d'un microbe banal qui habite notre intestin (Escherichia coli).
Cet exergue, simplement pour vous dire que la notion d'esclavage est, pour moi, une interpellation qui ne date pas d'hier. Je n'ai pas vécu l'esclavage, comme sans doute la majorité d'entre nous en Europe occidentale, mais je l'ai retrouvé -parfois de manière très
discrète- dans la littérature romanesque, historique, philosophique ou politique tout au long de l'existence. De manière très discrète, ai-je dit, parce qu'il n'y a pas très longtemps que l'esclavage heurte nos consciences. C'est seulement en Europe dans la seconde moitié du XVIIIème siècle que l'esclavage commencera à faire l'objet d'une condamnation, quoique encore timide.
Cette interpellation a rebondi en quelque sorte en 2004, lorsqu'on m'a "bassiné" les oreilles avec la commémoration du 200ème anniversaire de la naissance de ma fausse homonyme. Il a été moins question, la même année, de la commémoration du bicentenaire de la naissance d'un personnage actif dans la lutte pour l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, Victor Schoelcher. J'y reviendrai plus loin.
Introduction
Qu'est ce que l'esclavage et pourquoi ce titre un brin provocateur, pessimiste ne manqueront pas de dire certains? La notion d'esclavage s'est de longue date appliquée à des situations tellement diverses que "l'esclavage des plantations" -pour reprendre sa forme exotique la plus connue- n'est qu'un cas très particulier parmi toutes les formes d'asservissement qu'ont subi et que subissent encore aujourd'hui des centaines de millions d'individus. J'évoquerai donc en trois temps inégaux : le passé, le