Espace et spatialisation
[pic]En 1955, Maurice Blanchot introduisait le concept d’espace littéraire, lieu symbolique condensant la positivité de la création et la négativité de la mort. Un demi-siècle plus tard, force est de constater que cette notion est utilisée par des chercheurs d’appartenance théorique diverse, dans des sens tout aussi variés. Une mise au point s’impose : qu’est-ce donc qu’un espace littéraire? Ce concept est-il opératoire? Peut-il nous aider à penser la particularité du littéraire, son mode de fonctionnement, son ouverture au dehors? C’est à ces questions que tente de répondre Qu’est-ce qu’un espace littéraire?, collectif dirigé par Xavier Garnier et Pierre Zoberman.
1Si la notion d’espace littéraire se présente dans cet ouvrage comme une alternative à celle de champ littéraire, elle vise moins à se substituer au concept bourdieusien qu’à élargir la réflexion sociologique en accordant à la littérature un statut d’exception. Procédant de cette exception, l’espace littéraire serait ainsi, selon les responsables de l’ouvrage, la « pièce maîtresse pour une résistance à l’encerclement du littéraire par le “tout sociologique” » (p. 6). Cette nouvelle définition de l’espace littéraire a le mérite de proposer un entre-deux fertile entre la conception absolutiste de Blanchot, qui tend à isoler la littérature du monde ambiant, et la conception sociologique de Bourdieu, qui pèche par l’excès inverse en circonscrivant la littérature tout entière dans le social.
2Les textes de ce collectif sont organisés autour de trois axes de réflexion, lesquels correspondent à trois manières de concevoir l’espace littéraire dans ses relations avec d’autres espaces. La première partie de l’ouvrage cherche à établir quels sont les rapports entre la littérature et les textes en général. Qu’est-ce qui fait d’un texte donné une œuvre littéraire? Quelle est la différence de nature entre l’espace textuel et l’espace littéraire?
3L’article de