Espagne de charles quint et philippe ii
Deux voyages en Espagne, le premier à l'époque de Charles Quint et presque de Philippe, — celui-ci vient de naître, 1527, et grandit..., — le second de 1568 à 1598 à travers les trente dernières années du règne de Philippe II. Le premier grâce à un recueil de documents, celui du R. P. José M. March 1, paru en 1941 et 1942, le second par les faveurs du livre surchargé d'intelligence et de pensée du Dr Gregorio Marañon 2, qui, en l'écrivant pour notre plaisir, a rempli les années d'amertume et de tristesse que l'exil et les circonstances ne lui ont pas épargnées.
I
Les deux gros volumes de documents consacrés à l'enfance et à la jeunesse du futur Philippe II que publie le R. P. J. March, de façon paradoxale, nous renseignent assez peu sur les premières années du prince. On apprend à les lire que l'enfant aima moyennement l'étude et davantage la chasse, que son « maestro » Siliceo, futur cardinal de Tolède, fit preuve de faiblesse ou, pour le moins, de complaisance à son endroit, que le petit prince fut élevé dans l'admiration de son père, — on le savait, — qu'il fut d'une foi vive et précoce. Sur l'homme jeune, sur sa froideur à l'égard de sa première femme, Marie de Portugal, telle note jette sans doute une lumière aiguë, mais brève. Au total, peu de chose et donc, en ce qui concerne la biographie des premières années du prince, une assez grosse déception. Et pourtant, comment dire l'intérêt de ces deux gros volumes riches d'enseignements souvent inattendus sur l'entourage du prince et l'Espagne de la première moitié du XVIe siècle ? Les historiens feront bien de ne pas négliger cette source importante. Ils y trouveront une série de notes biographiques intéressantes, sur Pedro Gonzalez de Mendoza (frère de Diego Hurtado/de
Mendoza), sur Juan Martinez Siliceo, ou Juan de Zúfliga (précepteur et majordome de la maison du Prince) et sa femme, Estefania de Requesens. Ces deux derniers personnages, celle-ci si