Essai de montaigne
Le texte « La vertu aimable » appartient au chapitre « De l’institution des enfants ». C’est un extrait de l’œuvre majeure de Montaigne, Les Essais. Montaigne est un homme qui a reçu une éducation moderne, bachelier, il devient magistrat et sera élu deux fois maire de Bordeaux. Il s’inscrit dans le XVIème siècle, siècle de la Renaissance, parvenue en France grâce aux guerres d’Italie. Un des principaux mouvements de la Renaissance est l’Humanisme, mouvement qui place l’homme au centre de la pensée.
Lecture du texte
L'ame qui loge la philosophie, doit par sa santé rendre sain encores le corps : elle doit faire luyre jusques au dehors son repos, et son aise : doit former à son moule le port exterieur, et l'armer par consequent d'une gratieuse fierté, d'un maintien actif, et allaigre, et d'une contenance contante et debonnaire. La plus expresse marque de la sagesse, c'est une esjouissance constante : son estat est comme des choses au dessus de la lune, tousjours serein. C'est Baroco et Baralipton, qui rendent leurs supposts ainsi crotez et enfumez ; ce n'est pas elle, ils ne la cognoissent que par ouyr dire. Comment ? elle faict estat de sereiner les tempestes de l'ame, et d'apprendre la faim et les fiebvres à rire : non par quelques Epicycles imaginaires, mais par raisons naturelles et palpables. Elle a pour son but, la vertu : qui n'est pas, comme dit l'eschole, plantée à la teste d'un mont coupé, rabotteux et inaccessible. Ceux qui l'ont approchée, la tiennent au rebours, logée dans une belle plaine fertile et fleurissante : d'où elle void bien souz soy toutes choses ; mais si peut on y arriver, qui en sçait l'addresse, par des routtes ombrageuses, gazonnées, et doux fleurantes ; plaisamment, et d'une pante facile et polie, comme est celle des voutes celestes. Pour n'avoir hanté cette vertu supreme, belle, triumphante, amoureuse, delicieuse pareillement et courageuse, ennemie professe et irreconciliable d'aigreur, de desplaisir, de