Voilà un moment déjà que j'observe cette feuille, que vous caressez présentement du regard, dans l'espoir de trouver dans la blancheur du papier encore vierge les mots poignants qui rendront justice à la plus récente oeuvre de Larry Tremblay. L'orangeraie, selon maintes hypothèses assez plausibles, se déroulerait au Moyen-Orient, plus précisement en Palestine, où la guerre et les conditions de vie sont, nous le savons bien, assez médiocres. Le roman se divise en trois parties, soit deux parties principales et une courte épilogue. La première nous présente le portrait déchirant d'une famille en deuil, et dont le père de famille fait face à un terrible choix: lequel de ses deux fils enverra-t-il de l'autre côté de la montagne, d'où il ne reviendra jamais? Appeurés et manipulés, ces deux jeunes frères, Amed et Aziz, se verront entraîner dans la plus cruelle des mésaventures, qui les sépareront à jamais. La seconde partie, quant à elle, nous tisse la toile des séquelles laisser sur Amed, frappé par l'infortune, ainsi que son arrivée en Amérique, où s'élevera le contraste prononcé entre la paisible et insouciante vie des faubourgs montréalais et le malheur qui accable incessement l'ancien village d'Amed. C'est d'ailleurs vers la fin de celle-ci qu'est mis en relief une question fondamentale à l'identification d'un être en tant qu'artiste, alors qu'Amed et Mikaël débattent de la tournure que prendra la scène finale de la pièce de ce dernier. Il s'exclamera alors, indigné par une objection d'Amed : “Tu as raison. Je ne sais rien. J'ai osé écrire une pièce sur la guerre dans la plus totale ignorance de ce qu'elle comporte, de ce qu'elle provoque. De quoi je me mêle, hein?”. Me considérant moi-même, en quelques sortes, un artiste – au talent mitigé, évidemment, et au potentiel encore incertain – ce questionnement, “De quoi je me mêle, hein?” est venu semé la pagaille dans l'ordre coutumier de mon esprit. Où s'arrêtent donc les frontières de la liberté artistique? “La