Essai sur la langue et l'identité du Québec
Dès le début du 18e siècle, l’unification linguistique du Québec fût bien plus prononcée qu’en France à la même époque, une petite partie de la population française parlant le Français, versus une majorité au Québec, sur cette nouvelle terre de colonisation avec l’arrivée de Christophe Colomb. Jusqu’alors, le français parlé au Québec sera conforme au français parisien normatif. C’est à la suite de la Conquête que le Québec commencera aussitôt sa longue transformation vers la langue « jouale » (expliquée un peu plus tard dans ce texte), coupé de son ancienne capitale culturelle et linguistique, la France. À ce moment, il n’y aura que peu d’anglophones sur le territoire de la Nouvelle-France face à une majorité de francophones. C’est à partir de la fin du 19e siècle, avec de forts mouvements d’urbanisation et d’industrialisation, que les Canadiens français vont se retrouver dans les villes complètement anglophones, devenant employés d’anglophones, et se retrouvant dans des milieux de travail où ils ne devront qu’utiliser l’anglais. C’est grâce à cette industrialisation que la langue française s’anglicisera fortement, en particulier la classe ouvrière. Cette anglicisation est démontrée néanmoins dans le «Cantouque de l’écœuré» de Gérald Godin : « les travailleurs et les bilingues; par les petits crisses que le mélange; d’un homme et d’une femme ajoute; à cette anglicisante colonie »¹. C’est ce qui entraînera la naissance du « joual », un amalgame du français archaïque de Paris et de l’anglais de la nouvelle élite anglophone.
La langue « jouale » fût perçu