Est-ce au peuple de faire les lois
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Dans un régime démocratique, c'est l'ensemble des citoyens qui est souverain : en démocratie, le peuple décide des lois sous lesquelles il vit. Mais comme le remarquait Platon, lorsque je suis malade, je préfère prendre conseil auprès du médecin que du menuisier ; est-il bien prudent alors de laisser le peuple, largement ignorant des affaires publiques, décider en toutes choses, et par exemple en élisant ses magistrats ? En d'autres termes, est-ce au peuple qu'il appartient de faire les lois ? Selon Platon, ceux qui n'y connaissent rien courent toujours le risque de se faire manipuler par ceux qui n'en savent pas plus qu'eux, mais qui maîtrisent l'art de la parole, et qui donc savent convaincre. Ces spécialistes de l'art oratoire, ce sont les sophistes : de même qu'un peintre peut peindre une chaussure en ignorant tout de la cordonnerie, de même le sophiste fait croire qu'il sait parce qu'il est habile à manier les discours. Dans une assemblée démocratique alors, on aura toujours tendance à écouter celui qui sait parler, même s'il ne sait rien d'autre, et non le spécialiste ennuyeux ou bafouillant. Laisser le peuple décider, c'est donc dans les faits remettre le pouvoir aux mains des manipulateurs, qui savent jouer sur les désirs de chacun et sur les émotions collectives pour tourner les lois à leur seul profit.
Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons (1), elle s'enivre de ce vin pur au delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie (...).Et ceux qui obéissent aux magistrats elle les bafoue et les traite d'hommes serviles et sans caractère.Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants. N'est-il pas inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout ? (...).Qu'il