Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi?
Admettre l'hypothèse de l'inconscient psychique est-ce rendre vain tout effort de lucidité à l'égard de soi-même? »
Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi?
12 déc 2008 par Simone MANON
Introduction : Pourrais-je avoir la certitude de mon existence et de mon identité si j’étais entièrement seul ? Cette question invite à interroger le rôle de la présence d’autrui dans la constitution de la conscience et plus précisément de la conscience de soi. On croit communément que ce sont des données originaires, que la conscience est notre modalité d’être spontanée et que chacun a la connaissance immédiate de son identité c’est-à-dire de ce qu’il a de commun avec les autres hommes (identité humaine) et de distinct d’eux (identité personnelle). L’énoncé suggère implicitement qu’il y a peut-être là, une naïveté, car l’expression « prendre conscience de soi » connote l’idée d’un processus. La question est de savoir ce qui le rend possible. Faut-il suivre Descartes et croire que la démarche conduisant un sujet au savoir de son existence et de son identité ne passe pas par les autres, qu’elle s’effectue dans la solitude d’une méditation et même dans une expérience proprement solipsiste? (Thèse : La conscience que le sujet prend de lui-même est une expérience solitaire).
Car (renversement dialectique) est-il légitime de croire que la conscience et la subjectivité soient des données originaires ? Il est douteux que l’enfant sauvage ait une conscience de lui-même et du monde, développée. Il faut pour cela les apprentissages linguistiques par lesquels on peut se mettre à distance du monde et de soi-même pour signifier et se représenter or un milieu de paroles est un milieu où l’autre est omniprésent. Il faut la présence de l’autre pour qu’un « Je », une identité se saisisse par rapport à un « tu » ou une altérité. Il faut le miroir de la raison des autres pour se