Est-il absurde de désirer l'impossible ?
Est-il absurde de désirer l'impossible ?
Une analyse du sujet était bienvenue en introduction. Elle porte ici sur deux points essentiels :
- La double négation impliquée par la formulation : absurde/impossible. Ces deux termes ont une valeur négative ; la combinaison des deux forme cette double négation. L'absurde s'oppose à la signification, à ce qui a, pour les hommes, du sens (comme un projet, une volonté, un but). L'impossible s'oppose au possible, à ce qui peut être. L'impossible est littéralement ce qui ne peut pas être réel, réalisé. L'impossible ne s'oppose pas seulement au possible. Il désigne ce que la conscience de l'homme ne peut pas comprendre comme réalité, effectivité, parce que s'opposant aux structures inflexibles du réel (par exemple un cercle-carré, ou même un monde parfait).
- Le terme ''vouloir'' renvoie à l'idée de volonté, qu'il convient de distinguer de la notion de désir. Il est important de remarquer que le sujet parle de "désirer'' l'impossible, non pas de le ''vouloir''. La distinction entre désir et volonté est très importante pour le traitement du sujet proposé. Le désir est instantané, changeant, multiple, indomptable, hypnotique. La volonté marque au contraire l'acte de liberté d'un sujet qui se donne un but, dans la durée, et emploie des moyens pour réaliser ce but. Une volonté est un engagement, non un caprice ou une attirance soudaine.
De cela, il résulte que le sujet demande si l'homme peut se donner comme projet un but qui semble entrer en contradiction avec le réel. Si un tel investissement de sa liberté est paradoxalement possible mais aussi souhaitable ("Est-il" a le sens d'une possibilité, mais pose aussi la question morale : doit-il.) Encore faut-il, alors, qu'il ne s'agisse pas d'un simple désir, mais d'un désir changé en volonté.
Partie I
I- Désirer l'impossible n'est pas un chemin de sagesse.
a. Désirer l'impossible dénote une attitude qui n'a pas saisi que notre liberté était