Estelle documents français
Baudelaire décrit peut être sa maîtresse Jeanne Duval dans Le serpent qui danse.
C’est un poème de neuf strophes composé de quatrains de huit et cinq syllabes à rimes croisées. Il y a aussi l’alternance de rimes féminines et masculines. Cette régularité rend le rythme régulier, comme celui d’une danse.
Rien n’est immobile dès le début du poème, la peau vacille comme une étoffe, la chevelure devient une mer. Il y a donc plus un rêve de femme qu’une femme réelle.
Cependant, la description progresse en utilisant des parties du corps : la peau (strophe 1), la chevelure (strophe 2), les yeux (strophe 4), la tête (strophe 6), le corps (strophe 7), la bouche, les dents et même la salive (strophe 8).
A chaque fois, un ou plusieurs verbes de mouvement rythment l’évocation de la femme. Le poète file la métaphore de l’eau et de la mer parce qu’elle permet de donner ce mouvement régulier et doux : danse, balance, se penche, s’allonge, roule, remonte. Tous participent à cette sensation, d’autant plus que les assonances en voyelles nasales assourdissent le poème et atténuent la violence du mouvement. Cette grâce animale ne laisse pas d’être inquiétante par son absence de passion humaine. Que penser des yeux qui mêlent l’or et le fer, des eaux de fonte des glaciers grondants qui remontent à sa bouche ? Il faut toute l’ « âme rêveuse » du poète pour transformer une boisson amère en « vin de bohème ». C’est une victoire de l’imagination alors que la femme n’exprime aucun sentiment, « ni de doux, ni d’amer ». Comme dans d’autres poèmes, le corps de la femme sert de prétexte à l’évasion.