Etre ou ne pas étre
Donc, très logiquement, la journée s’est déroulée en parfaite harmonie officielle avec l’article III (3e alinéa) de la Constitution : « Le suffrage (...) est toujours universel, égal et secret ». Bien noter le terme "égal", un peu coincé entre le grand "universel" et le timide "secret", tout cela sous l’escorte imposante de "toujours".
Bref, passons.
Nous avons tous eu des échos des problèmes posés par cette nouvelle procédure de vote : formation de files d’attente, difficulté pour de nombreuses personnes à voter, etc.
Ces aléas peuvent être imputés à la nouveauté de la chose. Il est regrettable d’avoir largement mis en place le vote électronique pour l’élection présidentielle, alors que la procédure était encore peu sûre. Tant pis, c’est fait.
Les bureaux de vote vont se roder, les électeurs vont se familiariser avec le nouveau matériel. Ces errements de mise en route devraient bientôt être oubliés et les élus renoueront avec le discours habituel : « Tout s’est bien passé », ou encore « nous n’avons pas enregistré de résultats anormaux » (sic ! Qu’est-ce qu’un résultat anormal ?).
Reste le problème fondamental, qui n’a rien à voir avec les files d’attente ou le manque d’ergonomie : le vote électronique, tel qu’il est pratiqué en France, est opaque. Il est impossible aux citoyens de vérifier directement que leur vote est correctement compté.
Cette vérification est également impossible pour les membres du bureau de vote, ou encore pour les délégués des partis ou le ministère de l’Intérieur. Si la machine (peu faillible, mais fabriquée par des humains largement faillibles et corruptibles) modifie quelques votes (par erreur, ou par fraude), personne ne peut s’en apercevoir.
La transparence du vote n’est pas une