Etude idea panofsky
J’aimerais entamer cette rubrique consacrée à l’esthétique et à la philosophie de l’art par un ouvrage qui m’a semblé particulièrement génial et qui constitue la Bible de toute étude d’histoire de l’art, il s’agit naturellement d’Idea d’Erwin Panofsky. Quoique rédigé en 1924, il a d’abord paru tardivement à Florence en 1962, puis à Berlin en 1960. La traduction française date de 1983 (Gallimard). Le texte constitue une sorte de brillante dissertation sur une conférence donnée par Ernst Cassirer, philosophe néo-kantien, consacrée au Beau platonicien.
L’idée phare de cet ouvrage est de conférer à la Beauté une dimension platonicienne, c’est-à-dire métaphysique, de transcendance du sensible ; il y a plus dans le beau que la dimension plastique. C’est là la percée platonicienne et Panofsky semble reprendre cette thèse à son propre compte sans pour autant éluder les apories platoniciennes.
« C’est Platon qui a conféré au sens et à la valeur métaphysiques de la Beauté des fondements universels, et dont la théorie des Idées a pris pour l’esthétique des arts plastiques une signification toujours croissante ; pourtant, il ne fut pas, pour sa part, en mesure de juger équitablement ces mêmes arts plastiques[1]. »
Platon a su conférer à la Beauté une profondeur métaphysique, mais il n’a pas su concilier cette dimension méta-plastique à la nécessaire incarnation plastique du beau ; il y a un échec chez Platon inhérent au besoin métaphysique et à la nécessité de la chute dans la matière et cette tension constitue, selon nous, le fil directeur d’Idea. Mieux, il y a une « contradiction » entre l’image incarnée et l’idéal qu’elle porte en elle. Nous ne sommes pas chez Aristote, il n’y a pas d’incarnation sensible des Idées, le Beau ne peut se compromettre avec la sensibilité.
Je me permets de noter que Platon rencontre une difficulté similaire dans le langage ; comment concilier l’idéalité de la pensée et la matérialité de la lettre ou de