Etude linéaire - bonaventure des périers - nouvelle n°8
4787 mots
20 pages
Dans le monde des récréations, nous voyageons au gré des historiettes et contes narrés de manière si délicate que la « machine à rire » farcesque se met en marche indéniablement. Mais derrière cette hilarité foisonnante, les nouvelles de Bonaventure Des Périers cachent une certaine vérité. Comme le fait si bien remarquer l’auteur dans son pacte de lecture, matérialisé dans sa nouvelle n°I : « Ah mes fillettes, ne vous y fiez pas : ilz vous tromperont, ilz vous feront lire ung quid pro quod » (p.17). Cette expression s’accorde, avec exactitude, à la nouvelle n°VIII, objet même de notre étude. « Du Procureur qui fit venir une jeune garse du village pour s’en servir : et de son clerc qui la luy essaya » est un conte ambivalent où nous pouvons à la fois nous esbaudir joyeusement mais également nous interroger sur les travers humains de manière plus sérieuse. L’auteur nous fait part d’une histoire où un Procureur relativement âgé, demeurant aux abords de Paris et aillant perdu sa femme, tente de retrouver une nouvelle compagne. Il jette son dévolu sur une villageoise (« une jeune garse ») prénommée Gillette. Pour cela, il va demander sa main à la mère qui accepte par dépit de pauvreté. S’apercevant que la jeune fille est niaise, « parce qu’elle n’avoit encores veu que des vaches », il l’habille dignement et la délaisse un tant soit peu au profit de son travail. Mais, le Procureur « avoit un clerc en sa maison » et ce-dernier, va user de malice en maniant les jeux de mots et les quiproquos pour arriver à ses fins : « faire bonne chère » avec Gillette sans que le Procureur s’en aperçoive. Notre étude portera précisément sur le passage où le clerc va mener à bien sa duperie, « le clerc voyant la mine de ceste garse que son cas ne se portoit pas mal, vous commence à jouer avec elle » (lignes 1-2), et où la jeune-femme va se laisser faire croyant que cette pratique fait partie des coutumes de la ville. Elle trompera son mari et ressentira « une honte villageoise qui luy