Etude stigmatique
Dans cette œuvre de style gothique, l’abondance des symboles et une série de variations sur la lettre « A « (pour adultère), « la lettre écarlate «, se prête volontiers à une analyse que l’on dira « stigmatique ». Ce sont à la fois des expressions, des images et des signes qui véhiculent toute une rhétorique du mal, du pêché et de l’expiation puis ensuite du salut.
Sur la place du marché, Hester Prynne, qui a enfreint les Saintes Écritures (« Tu ne commettras point l’adultère «) est exposée à tous avec une marque : « sur le corsage de sa robe, en belle étoffe écarlate (…) apparut la lettre A « (Hawthorne, p. 71).
Elle a été condamnée à rester trois heures sur le pilori et « à porter pour le restant de sa vie terrestre, une marque infamante sur le sein « (id. p. 82). Face à la communauté vertueuse, « l’impureté «, la « honte « et la « disgrâce « frappent la pécheresse qui subit l’opprobre public avant de retourner en prison. Un des effets littéraires majeur du roman consiste à rendre le stigmate existant en soi comme une chose vivante. Ce qui est illustré dans le passage suivant : « Ceux qui l’avaient suivie des yeux, chuchotèrent que la lettre écarlate jetait une lueur sinistre du sombre corridor « (p. 88)
Libérée, Hester n’envisage pas de fuir car son « pêché, sa honte étaient les racines qui (l’) implantaient (…) en ce sol « (p. 98). Elle doit « expier sur cette terre « (p. 99). Selon la théorie lotmanienne de la culture et du contrôle par la honte ou la peur, on voit bien l’insistance de l’auteur à enraciner son héroïne dans l’intra-groupe de la colonie puritaine : « sa honte étaient les racines qui (l’) implantaient (…) en ce sol «.
Comme l’écrit Pierre Hausman, le marquage est une forme primitive de punition. Selon la typologie de réponse au stigmate de Rogers et Buffalo, il y a acquiescement : la coupable reconnaît la validité du label déviant qui lui a été imposé et se soumet au châtiment et aux « attentes stéréotypées de