Etudes molière
Dans une courte biographie en tête des Œuvres complètes parues dix ans après sa mort et attribuée à deux fidèles, La Grange et Vivot, on lit qu’il fit ses études secondaires au collège de Clermont (lycée Louis-le-Grand) chez les jésuites, un des meilleurs collèges de Paris, où « sa vivacité d’esprit le distingua de tous les autres ».
Grimarest, le premier à avoir écrit une Vie de Molière en 1705 en consultant sa famille10 et s’appuyant sur les confidences du seul Baron (certes son comédien préféré, mais très mal informé11), raconte12 qu’au collège il avait comme condisciples Bernier et Chapelle, fils naturel d’un riche conseiller au parlement de Metz. Ce dernier avait comme précepteur Gassendi, philosophe sceptique et épicurien, qui aurait admis Molière parce qu’il avait remarqué chez lui des dispositions philosophiques, ainsi que Bernier et Cyrano de Bergerac. Mais toutes ces affirmations sont probablement inventées13, comme une bonne part de cette Vie de Molière, que Boileau avait condamnée sans appel l'année suivant sa publication14. On peut seulement déduire de la lecture de ses pièces que Molière aurait été imprégné de gassendisme (philosophie atomistique mêlant épicurisme et scepticisme) et se serait plus particulièrement intéressé à la doctrine d'Épicure, exprimée sous sa forme la plus poétique, mais aussi la plus radicale, par Lucrèce, qu'il a d'ailleurs traduit (pas moins de six témoignages contemporains font état de cette traduction15) et dont il reprendra quelques vers dans Le Misanthrope16.
À sa sortie du collège, selon un contemporain bien renseigné, Le Boulanger de Chalussay, qui publie en 1670 une comédie satirique contre Molière, « en quarante (en 1640 Molière a dix-huit ans), ou fort peu de temps auparavant,/ Il sortit du collège, âne comme devant ;/ Mais son père