Eug Nie
Première partie : l'émergence de l'amour contre le profit
Après la Révolution, Félix Grandet, ancien maire et tonnelier de la ville de Saumur, a fait fortune grâce à d'heureuses spéculations et n'a de cesse de l'accroître grâce à son extrême et maladive avarice. Il est entouré de son épouse, "une femme sèche et maigre, jaune comme un coing, gauche, lente", de sa fidèle et dévouée servante Nanon, et de sa ravissante et douce fille Eugénie. Le père Grandet administre toute la maisonnée en véritable despote, imposant à tous, malgré sa fortune, une existence austère et indigente entre les murs d'une maison froide et lugubre.
Sa fille Eugénie est une âme noble et innocente, ignorant tout de la convoitise insatiable des hommes. Le vieil avare lui cherche un bon parti, ce qui fait d'elle la proie des notables les plus cupides de la ville. Deux grandes familles bourgeoises et vénales de Saumur, les Cruchot et les Des Grassins, se disputent ainsi les faveurs de la jeune héritière en vue d'un mariage profitable. Le père Grandet sait parfaitement jouer de sa posture pour mesurer la servilité et les ressources des deux clans.
Mais le soir de l'anniversaire d'Eugénie qui célèbre ses vingt-trois ans, Charles Grandet, le jeune neveu du vieux Grandet, fils d'un riche négociateur parisien, élevé dans l'opulence et l'oisiveté, arrive à l'improviste chez son oncle Félix. Charles ignore encore que son père a fait faillite de quatre millions et qu'il s'est donné la mort d'une balle dans la tête. Tout est expliqué dans une lettre à l'intention de Félix Grandet à qui son frère