Intro.- "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants ou par la voie du referendum": c'est le début de l'article 3 de la constitution de la Ve République. Cette phrase affirme solennellement que la souveraineté, c'est-à-dire le pouvoir de décision ultime sur les sujets d'intérêt public, appartient au peuple. En même temps pourtant, elle pose la question des modalités d'exercice de cette souveraineté, puisqu'il est prévu que celle-ci peut aussi bien être prise en charge par des représentants ou s'exprimer directement par la voie du referendum. Au-delà du principe de la souveraineté populaire, la question de l'application de ce principe apparaît ainsi d'entrée de jeu moins simple. Suffit-il d'affirmer que la souveraineté appartient au peuple pour garantir un fonctionnement véritablement démocratique de la prise de décision politique? I.- La démocratie est fondée sur l'idée de la souveraineté populaire et de la garantie des libertés individuelles A) La démocratie est étymologiquement synonyme de souveraineté populaire 1. Etymologiquement, "démocratie" signifie "le pouvoir au peuple", autrement dit la participation de tous les citoyens aux décisions sur les sujets d'intérêt collectif. L'origine grecque du mot s'explique par l'importance historique de l'exemple donné par la démocratie athénienne dans l'Antiquité. Tous les citoyens d'Athènes étaient amenés à se réunir pour décider de la gestion des affaires communes. 2. Or la notion de souveraineté populaire est étymologiquement équivalente. Dire que la souveraineté, c'est-à-dire le pouvoir de décision politique ultime, est attribuée au peuple, cela revient exactement à dire que tous les citoyens sont censés gérer ensemble les affaires communes. Selon ce principe, la loi est l'expression de la volonté générale. Elle se dégage du peuple dans son ensemble et elle s'impose à chacun de ses membres pris individuellement, selon le raisonnement de J.J.Rousseau dans le