Europe religieuse et politique
Introduction
«Europa vel regnum caroli ». Cette locution latine des contemporains de Charlemagne montre que l’Europe du 9ème siècle était animée par l’idée d’une unité selon un principe. Face au morcellement de la féodalité, les hommes du Moyen-Age avaient, en compensation, rêvé d’une vaste construction impériale. Durant toute cette époque, c’est l’idée de Christianitas qui s’impose, désignant par là aussi bien l’unité religieuse de l’Europe que son unité culturelle : il s’agit d’un monde qui pense et qui écrit en latin.
En revanche, à partir du 16ème siècle, on assiste à un bouleversement complet des données établies. D’une part, la montée des États constitue un tournant dans l’Histoire de l’Europe dans la mesure où l’on assiste à la ruine de l’idée d’empire et à la sécularisation de la politique. D’autre part, alors que l’Europe médiévale était circonscrite au monde latin ; à partir du 16ème siècle, grâce à la vulgarisation des langues nationales, on assiste à une nouvelle définition culturelle de l’Europe : si des courants culturels identiques transcendent l’Histoire de l’Europe ; force est d’admettre que ceux-ci ne sont plus exclusivement diffusés en latin mais dans les langues vulgaires.
Problématique
La question qui se pose est donc de savoir quels sont les caractères qui montrent une telle substitution ? C’est la raison pour laquelle il faut veiller à montrer que la montée des Etats a définitivement ruiné l’idée d’une définition religieuse de l’Europe. Toutefois, il convient aussi de remarquer que les caractères culturels de l’Europe ont toujours permis de donner une définition culturelle de l’Europe.
I) La montée des États et la ruine de l’idée d’empire.
La notion d’Etat est entendue généralement de deux façons. C’est l’entité globale et souveraine rassemblant