Excuser les fautes du copistes
Le narrateur est un homme solitairement seul. Un pléonasme de l’ « inviduation » involontaire de l’homme. Un peintre pour qui la réussite ne viendra pas atténuer la lourde responsabilité du choix d’un métier d’artiste. Non, dès le début de sa vie artistique, il ne sera qu’une ombre, un habitué de l’anonymat. Veuf à la naissance de sa fille, il assume, présume des besoins de l’enfant et modèle, sculpte sa carrière selon elle. En restaurant des tableaux de peintres renommés dont il manque subtilement la signature, en ravivant les couleurs. Puis, pourquoi pas, copier, officieusement, officiellement, légalement, illégalement, devenir un génie en la matière, surpasser par la simplicité de la copie la valeur de l’original.
Car n’est-elle pas ridicule cette folie passagère, cet engouement passionné pour une œuvre de maître qui se disloque dès qu’on la sait fausse, cette oeuvre ?
« Le vrai, le faux, ce sont des inventions commerciales, des plus values de marchands, des mensonges de maquignons, des arguments d’hypocrites. C’est une manière de créer des supériorités, de justifier des exclusions, d’exagérer des amours, d’exacerber des haines. Une manière de fonder le bonheur des uns sur le malheur des autres. Une raison de nier l’égalité, d’empêcher la fraternité, de miner la paix et de justifier les guerres. »
Extrait sans doute un peu grandiloquent, mais enthousiaste et engagé, certainement. Par le biais de cette aventure de copiste, c’est l’histoire d’une personnalité, dans son intimité artistique qui se décortique, non sans intérêt, mais avec néanmoins un côté un peu trop affecté, parfois. Le ton est apprêté, tracé au couteau, narratif et manque parfois d’un peu de couleur (sans mauvais jeu de mot).
Volonté de faire évoluer ce personnage qui se vide de ses angoisses et de ses inhibitions en vendant cet art qui lui est propre. Faussaire génial et efficace, l’homme se donne au plus complet de lui-même. Jusqu’à perdre sentiments, goût,