"Exemple rarissime "d'une adaptation" semblable et différente, autre et même, même et autre ".
Tout d'abord, de manière significative, Jean Renoir respecte le format court de la nouvelle en proposant un court métrage de cinquante minutes et non un long métrage. Puis, on peut voir que Jean Renoir conserve la structure d'ensemble de la nouvelle et les principaux éléments de l'intrigue. Ainsi, le récit de Maupassant est organisé en trois parties : un bref préambule, qui correspond au premier paragraphe de la nouvelle, un long développement avec deux moments, l'arrivée et le déjeuner sur l'herbe des parisiens, puis la promenade en yole ; enfin, une chute en deux temps, avec deux ellipses temporelles indiquées par les modalisateurs temporels " Deux mois après ", et "L'année suivante ". Le film reprend, sans préambule, les deux grandes séquences de la nouvelle, respectivement de seize et dix-sept minutes, ponctuées par des fondus au noir : la première évoque l'arrivée des parisiens à la campagne et le déjeuner sur l'herbe ; la deuxième retrace la promenade amoureuse en yole des deux couples illégitimes. Puis la brutalité de la chute est reprise dans la troisième séquence du film, qui est réduite à trois minutes, ponctuée par un fondu au noir, et qui annonce l'ellipse temporelle par un carton : " Des années ont passé avec des dimanches tristes comme des lundis (...) ".
De manière encore plus évidente, le canevas de l'intrigue et la thématique d'ensemble, comme l'indique bien la similitude des titres sont repris point par point : une famille de quincailliers à Paris se propose de passer une journée à la campagne, ils arrivent sur les bords de la rivière, et décident de s'arrêter pour déjeuner dans le restaurant de M. Poulin - orthographié Poulain dans le film -. Là, la famille va