Explication de texte, alain, propos sur le bonheur
Mais peut-on alors réellement parler de bonheur, et surtout, de quel bonheur parle-t-on ? Car posséder ce que je désire aussitôt que je le désire, si souhaitable que cela paraisse, n’est-ce pas me condamner à toujours vouloir davantage, ou à toujours vouloir autre chose… et finalement à n’être jamais content, donc satisfait ? Mais d’un autre coté, peut-on vraiment croire celui qui nous dira être plus à attendre ce qu’il désire plutôt qu’à l’avoir ? Si bien que le problème se pose de savoir si être heureux consiste à atteindre l’objet de son désir, à en jouir dans le repos d’un plaisir tranquille, ou bien s’il faut comprendre le bonheur autrement que comme nos habitudes de penser nous y dirigent.
C’est à ce problème que répond Alain, en remettant en cause l’idée du bonheur comme tranquilité, comme repos, comme quiétude. Il développe alors le paradoxe intriguant d’un bonheur d’autant plus prégnant qu’il présuppose et implique la peine, et presque quelque chose comme une souffrance. C’est que le bonheur, selon l’auteur, n’est pas jouissance, propriété, thésaurisation1, mais au contraire effort, appropriation, dépense d’énergie dans l’action.
Pour démontrer sa thèse, Alain commence par annoncer en quoi la difficulté de vivre peut être dite bonne, pertinente pour mon bonheur (« Il est bon… passions de l’amour »), avant d’expliquer pourquoi « l’inquiétude », au sens du contraire de la quiétude, s’avère un remède contre le repos de l’âme qui, contrairement aux apparences, tue le bonheur au lieu d’en être le principe même, comme on le croit trop facilement (« Le bonheur suppose… dont il est enfin le maître »). C’est qu’Alain a soin de proposer une compréhension du bonheur comme action,