II – La conception et diffusion du paradigme néo-libéral au sein des concepteurs de politiques publiques. L'interêt est maintenant porté sur la naissance et la progression des positions néo-libérales au sein de différents milieux sociaux et plus particulièrement celui des concepteurs de politiques publiques qui vont ensuite les mettre en oeuvre. La question est de savoir quel a été le parcours du paradigme néo-libéral, de sa sortie de la marginalité à l'évidence de sa nécessité, soit comment a-t-il gagné en légitimité auprès d'acteurs influents et de décideurs, et même de la société, au cours des années 70 et au début des années 80.

1) Forums et médiateurs : formulation et circulation d'un nouveau paradigme.

Des évènements d'un type particulier sont vecteurs d'expansion et de légitimation du néo-libéralisme auprès de différents acteurs. Ce sont des “forums”, consistant en la réunion d'acteurs spécifiques mais variés pour négocier, débattre selon des enjeux et des normes différents.

Il y a tout d'abord les forums scientifiques des économistes qui se déroulent dans les années 70. C'est eux qui vont être le plus rapidement acquis à la doctrine néo-libérale, d'autant plus que le milieu est fortement dominé par la communauté savante américaine, pays dans lequel celle-ci a été plebiscité plus aisément. Ayant défendu la théorie des échecs des marchés durant la période du paradigme keynésien, les économistes se mirent à construire une théorie des défaillances de l'action publique. Ces économistes ne constituaient pas un groupe tout à fait homogène. On distinguait ceux uniquement présent sur la scène scientifique et ceux qui avait aussi un pied sur la scène politique.

Pendant que les économistes forgeait et se persuadait de la nécessité d'un nouveau paradigme néo-libéral, la rhétorique politique restait axée sur les principes keynésiens, formulée lors de forums de communication politique. Une dissonnance entre les termes du débat était alors en vogue entre