Exposition controverse
Initialement créée pour le Musée de L’Elysée de Lausanne, l’exposition « Controverses » présente un éventail de photographies ayant fait l’objet de censure, de manipulations, de procès qui ont suscité beaucoup de questions sur le métier de photojournaliste. Quel est son rôle : faire de l’art ou de l’informatif ?
À l’opposé de la peinture, la photographie possède un caractère objectif fondamental dans le champ de l’image et de la représentation. Morin parlera, dans le chapitre La culture planétaire de son œuvre L’Esprit du temps, du langage des images photographiques comme un langage universel qui permet d’être reconnu par tous.
Mais selon Daniel Castets « L’image n’est pas en soi une langue. Elle est un témoignage, une trace, une preuve d’existence et non une preuve de sens, parce qu’elle est éminemment polysémique. » [Daniel Castets, La photo de presse, Paris, CFPJ, 2008, p. 35]
Le sens délivré par la photographie est donc interprété de différentes manières selon les personnes. En effet, plusieurs auteurs comme Pierre Bourdieu dans L’Amour de l’art : les musées et leur public, ainsi que le courant des Cultural Studies parlent de l’œuvre comme étant polysémique.
Bourdieu reconnait l’existence non pas d’un public, mais de plusieurs publics stratifiés. L’exposition ou le musée ne signifie pas les mêmes choses pour les uns ou pour les autres. Les personnes ne se promènent pas, ne comprennent pas et n’abordent pas les mêmes choses de la même manière. Bourdieu introduit alors la notion d’habitus, lié au capital culturel, qui alimente la manière dont l’individu va fréquenter les musées. L’habitus est un système de dispositions (de capacités, de compétences, de valeurs, de traditions) acquis inconsciemment par l’individu au cours de son processus de socialisation.
Le courant Cultural Studies conçoit que si l’œuvre est polysémique, c’est que le lecteur (vu aussi dans le sens de spectateur) peut y