Exposé: iman farag, « de moubarak à moubarak: les élections présidentielles de 2005 en egypte », critique internationale, n°33, 2006/4, pp. 39-51.
Introduction :
Pendant l’année 2005, l’Égypte a vécu une conjoncture politique particulièrement dense. Première élection pluraliste du chef d’État dans l’histoire du pays, « victoire » des Frères musulmans aux élections parlementaires, attentats terroristes à Charm el-Cheikh et, au Caire, sommet pour la solution du conflit irakien…, les événements qui ont attiré l’attention internationale n’ont pas manqué. Au début de l’année, l’administration égyptienne a semblé répondre aux appels de la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre de réformes politiques. En décembre 2004, trois représentants de la « société civile » avaient annoncé leur candidature contre le président Hosni Moubarak. L’option des élections n’était pas encore à l’ordre du jour, mais le 26 février 2005, le président a demandé au Parlement d’étudier un projet d’amendement de l’article 76 de la Constitution pour organiser une « véritable élection présidentielle », comprendre : avec plusieurs candidats. La presse, les acteurs politiques, l’Égyptien « moyen » et les experts nationaux et internationaux se sont interrogés tout au long de l’année sur la signification de la réforme constitutionnelle. La presse pro gouvernementale n’a pas hésité à voir dans la date du 26 février une « fête de la démocratie ». À l’unisson, l’opposition et plusieurs pays étrangers ont salué le discours présidentiel.
Cependant, en septembre 2005, lors de la première élection présidentielle à caractère concurrentiel, le Président Moubarak, qui briguait un cinquième mandat, est sorti vainqueur. Le résultat est sans surprise au vu des dispositions constitutionnelles et juridiques qui ont présidé à cette élection. De fait, les liens étroits entre le parti au pouvoir et les appareils d’État qui garantissent la perpétuation de la majorité demeurent inchangés. Pourtant, en