Le Salut du général de Gaulle, publié en 1959, se fait le chantre de l'opposition toujours plus ferme entre le chef du Gouvernement Provisoire de la République française et les partis politiques. Alors que la Libération est réalisée, que la France a retrouvé son rang, qu'elle s'affirme petit à petit sur la scène internationale, les discordances, toujours plus nombreuses, semblent atteindre un point de non-retour. Aussi, en quoi consiste la « désunion » ? Cette renaissance des divisions trouve sa source dans la rivalité entre les partis : en effet ces partis, influençant les Français, conduisent à la fragmentation de l'opinion publique. Elle va de pair avec une contestation pointant du doigt le général de Gaulle bien que toujours acclamé lors de ses déplacements. Enfin, la « désunion » est toujours aussi visible sur la question sensible des institutions de la France de demain.

I] Faiblesse de l'union nationale
a) Les partis politiques
Alors que l'on pouvait imaginer une volonté commune de reconstruire le pays dans un climat de paix et d'unité, il n'en est rien (p. 289). Le général de Gaulle prévoyait déjà une telle situation lorsqu'il assurait qu' « il en serait ainsi jusqu'au jour où, toute menace immédiate écartée, le peuple français se disperserait de nouveau dans la facilité » (p. 31). Et effectivement, la vie publique reprend son quotidien. Les partis politiques retrouvent de l'élan alors que les élections municipales (p. 290) et législatives (p. 321) se profilent. Avant de voir l'intérêt de la France, les partis politiques préfèrent la « surenchère » afin de glaner des voix et d'obtenir plus de sièges que leurs opposants (p. 290). La scène politique est ainsi divisée au détriment de l'intérêt national.
b) L'opinion publique
Surtout, « l'opinion tend plus que jamais à se fractionner suivant des revendications et des querelles particulières, non point du tout à s'assembler pour une grande œuvre nationale » (p. 290-291). Pourtant, lors des déplacements du