Commentaire de texte: Le Songe de Verger La primauté monarchique s'affirme dès le XIIIèm siècle, comme la conséquence de la réforme grégorienne, à laquelle elle emprunte l'idée de hiérarchie, et de la redécouverte du droit romain, auquel bien qu'elle s'en défende la monarchie française doit ses plus solides amarres, dont la souveraineté. La reconstruction du royaume en tant qu’État de droit harmonieux, puissant et reconnu, doit beaucoup à un droit féodal influencé par l’Église et le droit romain, qui impose l'image d'une autorité unique, supérieure à toute autre, ce qui joue au profit exclusif du roi car il place différemment le trône au-dessus du roi de celui des princes territoriaux. Cette restauration de l'autorité monarchique a permis au roi de s'installer au sommet de la pyramide féodale et de s'affirmer comme une autorité autonome, visant à la fois la primauté du titre impérial et les prétentions temporelles de la papauté d'où des conflits entre ces différents pouvoirs, conflits qui seront au centre de plusieurs ouvrages.

Ainsi le texte que nous allons étudier est un extrait de Songe du Verger (ou du Vergier), texte fondamental du droit. Ainsi, écrit à la fois en latin et en français, il s'agit d'un ouvrage anonyme de droit public français attribué à Evrard de Trémaugnon conseiller du roi écrit entre 1376 et 1378 probablement sur l'ordre de Charles V.
Pour expliquer ce nom de Songe du Verger, on avance souvent l'hypothèse qu'il renvoie aux conditions dans lesquelles cette œuvre a été inspirée : Evrard endormi dans un verger aurait vu dans un rêve le roi accompagné du pape, puis un clerc et un chevalier choisis comme avocats par les deux hommes pour débattre amicalement de points litigieux, finalement le chevalier, défenseur des droits de la couronne, l'emporte. Le Songe du Verger est donc un traité, en forme de dialogue, du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Plus largement, cet ouvrage se présente comme la première somme officielle