Extrait d'une vie de simone veil
Pages 168-171:
« D'autres souvenirs me reviennent, celui de quelques brusques coups de fatigue tandis que, assise au banc des ministres, je me disais que je n'obtiendrais jamais la majorité, mais aussi ma détermination lorsque je montais à la tribune pour convaincre les députés, les petits mots d'encouragement des uns, les regards fuyants des autres...
Souvent dans les textes législatifs, une seule disposition fait clé de voûte. C'est là que tout le monde vous attend. Dans le cas de cette loi, il s'agissait évidemment de l'article précisant les conditions auxquelles la pratique de l'IVG était soumise. (…)
Pendant une bonne partie des débats, les voix de gauche parurent nettement plus assurées que celles de la majorité au pouvoir. Les communistes avaient dit qu'ils voteraient la texte quel qu'il soit. Les socialistes le soutenaient également, mais avec des réserves. (…)
Finalement, la loi a été votée dans la nuit du 29 novembre par deux cent quatre-vingt-quatre voix contre cent quatre-vingt-neuf, avec une courte majorité des voix de droite, complétée par la totalité de celles de gauche. La victoire était ainsi plus large que nous l'avions imaginée et espérée. (…)
Quinze jours plus tard, le texte fut voté au Sénat, quasiment dans les mêmes termes. Nous nous étions attendus à un bras de fer plus rude. Giscard avait apaisé mes craintes : « Compte tenu de ce qu'est le Sénat, généralement plus conservateur, surtout sur ces questions, la loi ne passera pas. Mais ça n'a pas d'importance ; nous la ferons revenir en seconde lecture à l'Assemblée nationale pour adoption définitive. » A notre vive surprise, le texte passa plus facilement au Sénat, peut-être sous la pression de l'opinion désormais acquise à la réforme. (…)
Après l'adoption du texte, nous avons eu la satisfaction de voir que la presse lui était presque unanimement favorable. Je ne parle ni du Nouvel Observateur, qui avait pris parti dès 1971 en publiant le fameux