Extrait de l'incipit de la mere de charles baudelaire
» Je demeurai donc à la merci des flots, poussé tantôt d’un côté, et tantôt d’un autre ; je disputai contre eux ma vie tout le reste du jour et de la nuit suivante. Je n’avais plus de force le lendemain, et je désespérais d’éviter la mort, lorsqu’une vague me jeta heureusement contre une ile. Le rivage en était haut et escarpé, et j’aurais eu beaucoup de peine à y monter, si quelques racines d’arbres que la fortune semblait avoir conservées en cet endroit pour mon salut, ne m’en eussent donné le …afficher plus de contenu…
Dès qu’il fut à l’ancre, on commença à décharger les marchandises ; et les marchands à qui elles appartenaient, les faisaient transporter dans des magasins. En jetant les yeux sur quelques ballots et sur l’écriture qui marquait à qui ils étaient, je vis mon nom dessus. Après les avoir attentivement examinés, je ne doutai pas que ce ne fussent ceux que j’avais fait charger sur le vaisseau où je m’étais embarqué à Bassora. Je reconnus même le capitaine ; mais comme j’étais persuadé qu’il me croyait mort, je l’abordai, et lui demandai à qui appartenaient les ballots que je voyais. « J’avais sur mon bord, me répondit-il, un marchand de Bagdad, qui se nommait Sindbad. Un jour que nous étions près d’une ile, à ce qu’il nous paraissait, il mit pied à terre avec plusieurs passagers dans cette ile prétendue, qui n’était autre chose qu’une baleine d’une grosseur énorme, qui s’était endormie à fleur d’eau. Elle