Fables ou histoires
Introduction :
Le plus grand ouvrage satirique du XIXe siècle compte plus de six mille vers. Cette grandiose partition prend forme en un an, hors de France, à partir du coup d’état du 2 décembre 1851. Hugo réagit d’abord directement dans Histoire d’un crime, ensuite dans Napoléon le Petit, puis il conçoit un ouvrage aux ambitions plus vastes qui mêle pièces courtes et mordantes, discours prophétiques, chansons, fables, dans une extraordinaire liberté de ton : il s’agit des Châtiment.
Comme dans les Contemplations, Hugo truque les dates pour que certains poèmes soient lus comme de sinistres anniversaires ou des coups de colère.
Enjeu du texte : la fable comme arme politique et comme leçon d’histoire Ce poème met en œuvre un genre que Victor Hugo pratique rarement : la fable ( c’est en effet le seul exemple de fable présent dans la première édition du recueil ; dans l’édition de 1870, Hugo en ajoutera une autre : « Les Trois chevaux », VI, 16 ).
Conformément au genre de la fable, Victor Hugo met ici en scène des animaux, qui symbolisent chacun un caractère humain, traditionnellement convenu et stéréotypé. Tout en s’inspirant des Fables de la Fontaine, il donne à ce poème une dimension polémique que n’avaient par les textes du fabuliste du XVIIe siècle : contrairement à ce dernier, Hugo ne cherche pas ici à illustrer un précepte, mais à déstabiliser un adversaire particulier. En comparant Louis-Napoléon à un singe, il montre une nouvelle fois ( après « Nox » III 1 et 2 ) que ce dernier n’est qu’une caricature de Napoléon Ier.
I- Les éléments de la fable
Par l’intrigue qu’il met en scène, par son style et sa composition, ce poème fait de multiples emprunts aux Fables de La Fontaine.
A- L’intrigue
Pour brosser ce portrait satirique, Hugo reprend l’intrigue d’une Fable de la Fontaine : « L’âne vêtu de la peau du lion » (V, 21), qui commence par ces quatre premiers vers :
« De la peau du lion l'âne s'étant