Faut-il avoir peur de nos désirs?
Introduction : Nos désirs nous emportent au-delà de nous. À l'image d'Alexandre qui voudrait que d'autres mondes existent pour pouvoir les conquérir. Mais le désir d'Alexandre, l'hybris dont il souffre fit certes de lui un conquérant. Mais à quel prix ? Le désir de gloire d'Achille ne l'a-t-il pas conduit à d'amers regrets ? Les désirs d'Alexandre l'ont conduit à sa propre perte : ils l'ont porté à ce point au-delà de lui-même, qu'il en est peut être même arrivé à une mise au carré du désir : il désirait le désir : il ne voulait pa conquérir pour dominer, mais conquérir pour conquérir. Que sont ces désirs infinis qui menacent de nous perdre ? Desiderare – est dé-sidéré, quitter les étoiles. Les désirs sont le constat du manque des astres : ils sont la perte de la transcendance. Je n'ai plus rien à contempler, et je m'efforce de me restituer l'objet de cette contemplation. Le désir est la recherche toute intime de quelque chose qui me manque. Mais cette recherche est bien quelque chose d'intime. Dans le cas de l'étymologie qui nous concerne, désirer, c'est le fait de ne plus être chez soi, de ne plus être à sa place. Sehnsucht, il se trouve dans le désir une forme de nostalgie, une manière de regarder toute chose alentour comme étrangère. Tacher de se restituer une place. Le désir est donc l'expression la plus intime, la plus personnelle de mon être. Il est la recherche de ma place, de ce qui me manque. Mais le cas d'Alexandre le grand continue de nous harceler. Il y a des motifs pour lesquels nos désirs semblent devoir nous faire peur. Ces désirs peuvent à ce point nous emporter au-delà de nous-mêmes, qu'il nous en devient impossible d'être nous-mêmes. Mais ce mouvement des désirs, il vient de nous-mêmes. Il semble que nous devions avoir une certaine méfiance àp l'égard de nos propre désirs. Mais la grande question est de savoir comment une telle méfiance est possible dans la mesure où ce dont on se méfie, c'est