Faut-il interdire les partis extrémistes ?
En mars 2007, N Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle, déclare qu’il se « battrait » pour que Jean-Marie Le Pen soit en mesure de récolter les 500 signatures nécessaires au dépôt d’une candidature à l’élection présidentielle. On peut aisément rapprocher ce comportement de la citation apocryphe de Voltaire, en vérité faussement attribuée à ce dernier par Evelyn Beatrice Hall en 1906 : «Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer ». Ce comportement est intéressant dans la mesure où, à première vue, il prescrit une certaine attitude vis-à-vis des partis extrémistes, et semble répondre par la négative à la question qui nous intéresse : Doit-on interdire les partis politiques extrémistes ? Et pour en revenir à cette situation de 2007, JM Le Pen réagissait en affirmant que « tout le monde, ou presque, s’accorde à dire qu’il serait scandaleux et dommageable pour la démocratie et pour la République que je ne puisse, par défaut de parrainages, être candidat ». On perçoit alors tout l’enjeu du dilemme démocratique : garantir les libertés d’association, de réunion, d’expression nécessaires à la démocratie, ou alors établir une protection à l’égard des partis qui la menaceraient. De là, il est intéressant de se demander quels sont les différentes voies de résolution d’un tel dilemme pour la démocratie, et si l’utilisation de ces voies sont réellement judicieuses.
I. Au regard de l’histoire, européenne notamment, qui a vu fleurir plusieurs exemples de partis liberticides, visant à utiliser les droits et libertés fournis par la démocratie pour mieux détruire cette dernière une fois le pouvoir acquis, l’interdiction des partis extrémistes apparaît comme une condition de l’ordre démocratique européen, un moyen utilisé par la CEDH, qui se dote dans la théorie de réelles possibilités de restreindre les libertés partisanes que sont les libertés d’expression