Faut-il lire entre les lignes ?
L’une des caractéristiques de l’œuvre littéraire est sans doute de présenter une certaine opacité lors de la lecture. En effet, il est difficile de penser qu’un lecteur puisse percevoir, dès le premier coup d’œil dans les lignes d’un livre, tout ce que l’auteur a cherché à y inscrire. Les raisons en sont nombreuses mais nous nous attacherons à en étudier une en particulier : le fait que le sens « réel » d’un texte peut, parfois, se trouver ailleurs que dans la littéralité de ce-dernier. Chaque terme possède un sens littéral, usuel, auquel on tendance à s’arrêter dans un texte non-littéraire. Il est cependant possible d’aller au-delà de ce sens littéral lors de la lecture d’une œuvre. On parle alors de « lecture entre les lignes ». Lire entre les lignes serait donc, pour le lecteur, chercher à creuser l’œuvre, à y découvrir des richesses que l’auteur aurait pu y dissimuler. Se demander s’il faut lire entre les lignes, c’est admettre que le lecteur est placé face à un choix dans sa lecture. Il faut cependant noter que ce n’est pas le cas pour chaque lecteur : on lit comme on peut avant de lire comme on veut. Se poser cette question, c’est également supposer que l’auteur s’adonne à une forme de « double-écriture » et qu’il dépend du lecteur qu’elle transparaisse ou pas. Ainsi, à supposer que le lecteur soit en capacité de choisir ou non de lire entre les lignes, en quoi est-il nécessaire pour lui de chercher à dépasser la littéralité du texte lu ? La question est tout d’abord de savoir où se trouvent ces choses si elles ne figurent pas « dans les lignes » du texte. Il nous faudra ensuite montrer qu’une lecture, si elle veut tendre à l’objectivité sur le texte, se doit d’aller souvent au-delà de la littéralité de celui-ci. Lire entre les lignes est même parfois indispensable si l’on veut éviter le risque d’un contresens majeur sur un texte.
Tout d’abord, il s’agit de se demander où se trouve le sens d’un texte