Faut-il rechercher la perfection ?
Introduction :
Rechercher, c'est chercher ce que dont on manque. La recherche est donc une sorte de privation. Mais elle est aussi la source du plaisir, de la quête. Comment gérer cet état instable et complexe ? On peut chercher à lui assigner des limites, à rechercher seulement ce qui est à notre portée. On peut aussi lui donner libre cours, même si cela nous amène à rechercher ce qui semble irréalisable, la perfection. Le problème de l'attitude à adopter face à la recherche est un problème qui exige que l'on s'interroge sur les buts que nous nous assignons et sur la manière dont il faut conduire son existence.
I :
Quels mobiles peuvent inciter à constituer la perfection en objet de recherche ? La réponse à cette question est liée à la compréhension de ce qu'est une telle recherche. Rechercher la perfection, c'est tendre vers l'inaccessible, c'est se livrer à une recherche qui ne se limite pas aux objets présents autour de nous mais qui concerne des objets que l'esprit conçoit ou imagine. C'est une recherche qui ne s'impose pas à nous mais auquel on choisit de se prêter et que l'on alimente. Une telle recherche de l'inaccessible est proche de celle d'un Faust cherchant la connaissance totale ou bien celui qui anime Alexandre le Grand dans sa volonté de conquérir la totalité de l'Orient et de l'Occident. La caractéristique commune de ces personnages est d'être habités par une recherche sans frein, illimité, ce qui correspond au cas du passionné. C'est là un premier mobile de la recherche de la perfection : il est lié à l'idée que la passion est positive, qu'elle est un moyen de s'affirmer et d'enrichir son existence. Mais n'y a-t-il que les passionnés pour rechercher la perfection ? Le désir amoureux, sans être synonyme toujours de perfection, peut être animé par la même tendance. C'est du moins ainsi que Sartre le décrit dans L'Être et le Néant. Selon cette analyse, le désir est volonté de s'approprier le corps